La préoccupation du Président Macron est de faire passer sa réforme des retraites en évitant coûte que coûte le scénario de la mobilisation sociale de 1995. Et pourtant son projet va bien plus loin que celui que portait Juppé. Misant tout sur la communication, à l’image du grand débat généré par la colère des gilets jaunes, le Président ne ménage pas sa personne pour aller faire de la pédagogie auprès de citoyens bien triés sur le volet avec une bonne couverture médiatique.
Mais expliquer quoi ?
Qu’il recherche à faire des économies de l’ordre de 120 milliards d’euros sur les caisses de retraites, que cela se concrétiserait par une retraite amputée pour les futurs retraités et plongerait encore plus dans la misère les retraités les plus modestes, que le régime par répartition assurant la solidarité intergénérationnelle serait remplacé par un régime de grande précarité et d’incertitudes avec la retraite par points, ou tous seraient perdants, futurs retraités comme retraités actuels, que seuls les patrons y trouveraient un intérêt immédiat, avec la baisse des cotisations sociales et les comptables du budget de l’état.
Nous avons quelques bonnes raisons d’entrer dans l’action pour imposer le maintien et l’amélioration du système actuel.
La pérennisation du financement des régimes de retraites solidaires qui n’est pas menacé aujourd’hui passe par l’augmentation des salaires, le maintien des cotisations patronales, par une sécurisation du travail et de la formation, par une égalité de rémunération entre les hommes et les femmes.
Ce n’est donc pas une question de compréhension. Une communication bien léchée avec un Président pédagogue, mettra au plus le doute pour certains, mais n’arrivera pas à masquer la réalité des effets néfastes de cette réforme pour tous.
Le secteur des assurances et autres financiers anticipent et proposent à grand coup de publicité des plans de substitution aux pertes de pouvoir d’achat prévisibles des pensions. La boucle serait bouclée, la finance récupérerait une manne financière conséquente, l’état la maîtrise des dépenses et les employeurs la baisse du coût des salaires avec la baisse des cotisations sociales.
Un essai qui est écrit mais pas encore transformé.
Nous pouvons, ensemble, toutes les forces de gauche réunies faire obstacle et empêcher ce qui pourrait être un recul social sans précédent depuis la création de la sécurité sociale. Macron craint un soulèvement, il montre certains signes de fébrilité sur le sujet, à nous de lui démontrer qu’il a raison de se faire du souci.